dimanche 19 août 2007

un clin d'oeil "fun" du site d'OLENKA

Mamie aime les culottes« Je vends mes petites culottes pour financer mes études ». La phrase, au début, avait un ton de plaisanterie. Par la suite, je me suis renseignée pour savoir dans quel cadre je pouvais exercer légalement cette activité. Et mon regard a bien vite changé sur « les méchants patrons ». Retour sur le parcours du combatant d’une vendeuse de petites culottes portées.

Pour vendre des produits sur Internet, il faut s’inscrire au registre du commerce afin d’obtenir un numéro d’immatriculation. Pour constituer le dossier, plusieurs documents sont demandés :
- la copie de la carte d’identité
- une attestation sur l’honneur de non condamnation et de filiation
- un imprimé TNS (inscription aux organismes sociaux)
- une autorisation des HLM où j’habite pour pratiquer cette activité
- une facture EDF ou téléphone

Pour la seule inscription au registre du commerce, il faut payer :
- 62,19 euros à l’ordre du greffe du tribunal de commerce
- 40 euros à l’ordre de la chambre de commerce

Ensuite, il faut s’inscrire au RSI (régime social des indépendants) et choisir un organisme conventionné relevant du code des assurances : RAM, MUCIM-Stanislas, Mutuelle bleue ou SMUTIE-SMACIV. Les personnes pratiquant une activité commerciale doivent payer des cotisations sociales qui sont calculées sur la bases des revenus professionnels. Or, les deux premières années d’activité, puisque les revenus réels ne sont pas connus, il faut payer un forfait. La première année, la somme à payer est environ de 3000 euros, la deuxième année, environ 4500 euros. Pour des revenus annuels inférieurs à 4414 euros, ce qui aurait sûrement été le cas pour les culottes, la bonne nouvelle est qu’il n’y a rien à payer à l’URSAAF. Pas non plus d’assurance-chômage obligatoire, ce qui implique que les commerçants ne sont à la base pas couverts par l’ASSEDIC.

La vente de petites culottes est une activité mixte, à mi chemin entre l’activité de vente et la prestation de service. Jusqu’à un chiffre d’affaire total de 76 300 euros, le commerçant relève du régime « micro » et de la la franchise en base de TVA. A côté, il y des obligations comptables : il faut tenir un registre des achats (mince, je n’ai pas gardé tous les tickets de caisse d’Etam et H&M), un livre-journal des recettes ainsi qu’un établissement de factures avec la mention « TVA non applicable ».

Du côté de l’impôt sur le revenu, l’imposition se fait sur un bénéfice net représentant 32% ou 55% du chiffre d’affaires. Autant vous dire qu’après avoir payé tout, ça, il ne reste plus grand chose de la vente de ma petite culotte. Pire, en exerçant cette activité, je risquerais de perdre mes bourses allouées par le CROUS ! Autant de freins à la création d’entreprise alors que j’aurais pu embaucher une personne pour faire les paquets et les envoyer à la poste. Tous ces frais à payer tuent l’initiative. Vendre des culottes pour finalement être SCF (sans culotte fixe) ça n’a pas d’intérêt. Comme dirait un des mes amis (un facho cool), « c’est pour ça que la France est un pays de merde ». J’espère au moins que cet argent sert à financer des écoles ou des hôpitaux, ça me ferait moins mal.

Je ne suis qu’une modeste étudiante qui propose ses dessous, entre la vraie vie et internet, entre la France et l’Ecosse. J’ai décidé de supprimer la boutique de petites culottes. Je n’ai pas envie de me lancer dans un projet à la sauvette, sans être en règle. Ce projet avorté aura été très intéressant : j’ai reçu beaucoup de courriels adorables, j’ai découvert à quel point il peut être difficile d’entreprendre en France et puis entre nous, même si vous le saviez, les culottes, ça fait gagner cinq minutes…

Je laisse passer l’été. Puis je retrouverai peut-être les couleurs, au moins verbalement, de la vente de petites culottes.

issue de www.olenka.fr , un témoignage de mésaventure lié à la micro entreprise . Mais peut être qu'avec un complément d'information rapide son projet eut été possible ...

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